Junain (auteur)

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  • « Le cycle des écrivains »

    Cela fait maintenant presque 20 ans que je me consacre à l’écriture, deux décennies, cela peut paraitre long, mais ce fut insuffisant pour en percer tous les mystères. C’est peu dire que l’écriture me fascine, et aujourd’hui encore, je continue à l’explorer notamment dans le cadre de mon activité de thérapeute. Plus qu’un hobby, l’écriture pour moi est un besoin qui me structure.

    Le « cycle des écrivains » constitué de 4 romans (La femme de l’écrivain, Dérapage, Un lieu d’où écrire, Ma femme qui lisait des polars) n’a pas toujours été évoqué comme tel, c’est plus tard que j’ai réalisé que j’avais tissé une œuvre en 4 volets qui n’évoquait rien de moins que mon rapport à l’écriture.

    L’écriture m'évoque la mémoire, la trace et en fin de compte appelle à parler de soi, même quand je me dissimule derrière les multiples avatars qu’offre la fiction, il reste beaucoup de moi dans mes romans. Les 4 romans constituant ce cycle sont inspirés de ma vie, parler de son existence dans un roman n’est jamais chose très avisée (pourquoi aurait-on des choses particulièrement intéressantes à dire ?), il faut savoir seulement en conserver la teneur et collecter nos fragments impossibles pour en faire enfin une histoire qui fait bloc.

    Écrire, c’est un acte intime, mais être lu, c’est ouvrir son monde interne à un autre. La rencontre se fait sur le papier blanc, cette extension du psychisme, cette zone à bâtir où l’on projette diverses facettes de sa personnalité, les parties cachées en premier lieu, car l’écriture est aussi la voie royale vers l’inconscient.

    J’aime ce personnage de l’écrivain que j’ai créé qu’on retrouve dans ces textes : ce n’est pas tout à fait moi, mais pas tout à fait un autre non plus. C’est une voix avant tout, un Sujet qui parle, qui affirme son identité et son droit à être. L’écriture permet de vivre plusieurs vies à la fois, de mettre en scène ses fantasmes, de jouer avec les limites de ce qu’on est et de ce qu’on aurait pu être...

    Et si il y a l'écrivain dans ces livres, on y retrouve aussi sa femme. Qui est-elle ? La question m'a longtemps échappé, preuve qu'on peut écrire pendant des années sur un même sujet sans savoir pourquoi, l'écriture qui dévoile, peut aussi bien dissimuler et demeurée insaisissable. Le féminin pour l'homme constitue une altérité pure, un impossible; dans ces textes, la femme de l'écrivain devient alors un contrepoint psychique, un regard distancié, mais aussi l'expression d'une part de moi-même qui a été empêchée de dire, ce qui revient à dire, pour plagier Flaubert: la femme de l'écrivain, c'est moi.

    Écrire, ça a été ma façon de remplir les vides de mon histoire familiale, la question de la famille, de la lignée, de l’hérédité est centrale dans mes textes. Je tisse ma propre histoire en écrivant, il ne s’agit pas de trouver une vérité, mais de donner du sens là où il a pu manquer.

    Plus j’écris, plus il me semble approcher de qui je suis vraiment: j’écris pour recoller les morceaux, me créer une trame existentielle sans trous quand mes traumas de vie ont pu me faire exploser. Je n’écris pas sur mes traumas, j’écris autour : je rabiboche, je rassemble, je remets du lien là où mes mots semblaient seulement évoluer dans du vide. Il m’a fallu 4 livres de plus pour avancer dans cette quête de moi-même, le cycle des écrivains était mon droit à écrire, chacun devrait être libre de se raconter pour ne pas être qu’un petit personnage dans le roman d’un autre.